Cibler les non et mal inscrits : la première pierre de la stratégie de campagne électorale
Une récente étude conduite par l’INSEE sur la mobilisation lors de l’élection présidentielle de 2022 montre que plus de 16% des électeurs sont inscrits sur une liste électorale en-dehors de leur lieu de résidence. C’est parfois un choix – expressément prévu par le code électoral – mais plus souvent, un « oubli » qui peut coûter cher aux candidat.e.s en campagne électorale. Quelles sont leurs options ?
Parmi les 47 millions d’électeurs français (définis, dans le cadre de cette étude, non pas au sens du code électoral mais comme : « un individu enregistré dans le répertoire électoral unique, défini par un état civil, un numéro national d’électeur, des droits électoraux et une inscription sur la liste électorale d’une commune« ), 1 sur 6 ne réside pas dans la commune dans laquelle il vote.
Non inscription et mal inscription sur les listes électorales : qui est concerné ?
C’est le cas des jeunes (2 millions) qui peuvent légalement rester inscrits dans le ressort du domicile de leurs parents jusqu’à 26 ans, ainsi que des contribuables (commerçants ou propriétaires fonciers ou de résidences secondaires …), qui peuvent élire domicile dans une commune dans laquelle ils paient un impôt (foncier, habitation, cotisation foncière des entreprises, …).
C’est aussi le cas des personnes ayant récemment déménagé et n’ayant pas eu le temps (ou pas souhaité) engager les démarches nécessaires (1,7 millions).
Ce phénomène touche 1,5 fois plus les personnes vivant seules qu’en famille, les foyers des zones urbaines (21% des électeurs contre 13% dans les zones rurales) et les personnes vivant en communauté (cité universitaire, résidence senior, maison de retraite, …).
Pourquoi un.e candidat.e en campagne électorale doit-il/elle s’en préoccuper ?
Pour des raisons de sincérité du jeu démocratique, et de manière plus prosaïque : pour dégager un nouveau réservoir de voix.
Si dans votre commune vous constatez des flux démographiques importants, vous allez devoir a minima vous poser cette question de l’inscription et celle du comportement électoral des nouveaux arrivants pour pouvoir les anticiper et les intégrer à votre stratégie de campagne.
En campagne électorale, quelles actions prévoir pour lutter contre la non inscription et la mal inscription ?
D’abord, faire connaitre la date et les enjeux du scrutin, très en amont du jour du scrutin. Je vous renvoie à cet article qui regroupe plusieurs idées de campagne d’affichage institutionnel.
Ensuite, en termes d’action de terrain, là encore l’anticipation et la constance vous permettront de faire une réelle différence, par exemple :
- en ciblant la rentrée universitaire pour proposer des réunions d’information et/ou faire circuler des bus citoyens (comme à Lille ou Villeparisis) et y inviter à s’inscrire sur les listes,
- en mettant en place une procédure d’accueil adaptée aux seniors rejoignant la résidence service ou l’EHPAD de votre territoire (courrier de bienvenue avec répertoire des adresses et contacts utiles, cérémonie d’accueil avec prise en charge des formalités administratives, réunion d’information sur le vote et la procuration conjointe avec les services de gendarmerie, etc.),
- en préparant avec soins votre première tournée de porte-à-porte, qui aura pour cible les bureaux de vote qui vous sont a priori favorables, et qui aura pour objet de vérifier la bonne inscription et/ou de communiquer sur les possibilités de procuration,
- en vérifiant les listes d’émargement entre les deux tours du scrutin, pour mesurer l’impact de votre campagne de terrain … et le cas échéant, savoir où remobiliser en vue du second tour !
Un point particulier à vérifier dans les communes fortement touristiques : les résidents secondaires et de manière générale, les propriétaires louant leur bien en saisonnier. Non seulement parce que, sur des territoires peu peuplés à l’année, quelques électeurs supplémentaires peuvent réellement changer le résultat du scrutin ; mais aussi parce que ceux-ci vont être fortement impactés par les « mesures anti-AirBnB » actuellement à l’étude. Un électorat à travailler, donc.
Une stratégie sur-mesure pour votre circonscription ?
➕Accéder à l’étude de l’INSEE : « Élection présidentielle 2022 : 16,5 % des électeurs inscrits l’étaient dans une autre commune que celle de leur résidence principale »